11/05/2013

Projet radio 6° : bilan et flow

 Le projet radio 6° est donc fini. C'est l'occasion de réfléchir sur les points positifs et négatifs ou à modifier pour une prochaine année scolaire :

A modifier ?
  • Compréhension du sujet de recherche, + recherche d'informations + rédaction de l'article sur traitement de texte =  3 à 4 heures. (Certains élèves devaient illustrer leur article d'une photographie, à la demande de leur enseignant de discipline). C'est trop long.  J'aurais dû, dès le début, faire faire aux élèves un document de collecte (ce que je n'ai fait que pour deux groupes très en retard, ce qui leur a fait gagner une heure.)
  • La séance sur l'habillage antenne est l'occasion rêvée de parler des droits d'auteur. J'ai constaté que les élèves ont téléchargé des musiques sur Youtube uniquement pour le projet radio, considérant qu'ils n'avaient pas de musique chez eux (surtout en 4° et 3°, les 6° n'ont pas encore cette habitude de télécharger sur le web). J'ai donc abordé les droits d'auteur et l'utilisation de Youtube de façon improvisée à chaque séance sur l'habillage antenne . (Youtube considère que celui qui publie une œuvre en est l'auteur). Cela m'interpelle ... des élèves qui téléchargent une musique sur le web pour un cours car ils n'ont pas de musique (d'après eux) alors que leur portable en est gorgé ... les CD ne font plus partie de leur culture ... cela signifie-t-il qu'un fichier MP3 (musique numérisée) enlève toute idée d'appropriation d'une œuvre, de possession ? J'ai aussi expliqué comment moi, enseignante, j'étais obligée de ne prendre qu'un court extrait de leur musique choisie afin de respecter les droits d'auteur pour ensuite avoir le droit de diffuser leurs chroniques sur le web ... regards dubitatifs.
  • L'entraînement à la lecture à voix haute aurait nécessité plus de temps. Très peu d'élèves ont buté lors de l'enregistrement mais certaines lectures nécessitaient d'accentuer plus les mots, plus de vivacité, plus de puissance dans la voix ... 

Points négatifs ?
  • Les projets audiovisuels nécessitent beaucoup d'étapes avant d'arriver au plaisir d'écouter la production finie. Cela peut sembler aux élèves fastidieux et l'objectif final éloigné, celui-ci n'étant atteint qu'au bout de 12 séances, espacées chacune par 50 heures de cours + vacances  = 6 mois. (Ah! Si j'avais autant d'heures qu'un professeur de discipline, j'aurai pu faire le même projet en un trimestre maximum ou 3 semaines minimum ...) D'où mon questionnement sur le sens et l'efficacité de ce que nous leur apprenons avec un enseignement morcelé.
  • Les problèmes techniques : un seul mais de taille : l'alimentation de mon unité centrale n'est pas assez puissante pour alimenter mon micro (qui a une alimentation fantôme, c'est à dire sans pile ; il est uniquement alimenté par la tour). J'ai donc été obligée d'amener mon ordinateur portable à chaque enregistrement, petit ordinateur qui a une alimentation plus puissante que celui du CDI ! 
  • Le montage ... chronophage !  C'est un choix : je n'ai effectué aucun montage au CDI car je ne voyais pas comment garder un casque sur les oreilles, me concentrer sur des sons et en même temps surveiller les élèves et le niveau sonore de leurs cordes vocales. Le montage a concerné la création de l'habillage antenne, des défauts de lecture à corriger dans 10% des chroniques (à peu près), le montage chronique + habillage antenne avec écoute de toutes les chroniques finies. 
 Les points positifs ?
  • La motivation manifeste d'élèves en difficulté (dans les apprentissages ou dans leur relation avec l'autorité). Ces élèves étaient "comme les autres" dès qu'ils étaient actifs. 
  • Contrairement aux années précédentes, j'ai l'impression d'avoir été derrière chaque élève.
  • La révélation d'élèves "transparents" ou silencieux. Je pense notamment à des filles "muettes", qui ne parlaient que si je leur demandais de lire quelque chose lors des séances (elles ne discutaient pas non plus avec leurs voisines). L'enregistrement de leur chronique respective a révélé des élèves à la lecture affirmée et nuancée, bien meilleure que celle des élèves plus motivés à lire habituellement. 
  • La création de sens dans les apprentissages : j'ai trouvé du sens à mes séance d'IRD. Je pense (en fait, j'espère) avoir également apporter du sens aux apprentissages des élèves.
  • L'évaluation des compétences : j'ai réellement évalué ce qu'ils savent faire. J'ai regardé ce que faisait chaque élève durant la recherche, les requêtes de chaque groupe, les sites utilisés, leurs erreurs, le prélèvement de l'information, la création de l'article sur traitement de texte, s'ils savent imprimer, si c'est toujours le même élève qui tape le texte, qui fait la mise en page, lors de l'écoute des podcasts ... Je les ai toujours évalués lorsqu'ils étaient en situation et non pas une fois le travail fini et rendu. Ainsi, jJe sais que mon évaluation est juste (dans le sens équitable. Cette notion de justice dans l'évaluation me porte toujours soucis)
  • La dernière séance durant laquelle je fais verbaliser les élèves sur leurs étapes de la recherche d'information jusqu'à l'écoute des podcasts, m'a confortée dans mon intuition de départ : éduquer à un média peut ne pas être un objectif en soi mais permet également aux élèves d'acquérir, de façon détournée, d'autres compétences (Je donne plus de détails sur le site Docs Pour Docs) :
  1. littératie informatique : apprendre à se servir d'un ordinateur, d'un réseau, des périphériques, de logiciels ...
  2. littératie informationnelle : apprendre à rechercher l'information, à s'informer, à informer autrui ...
  3. littératie numérique : apprendre à comprendre l'information sur différents supports numérisés, à la lire, la produire ...
  4. littératie orale
     

        J'ai demandé aux élèves ... ça leur a plu (ouf ! On ne connaît jamais à l'avance la réponse à cette question. Les élèves peuvent avoir des réactions surprenantes)

       J'aime l'idée (et j'aimerais avoir la recette) que les élèves puissent apprendre avec plaisir, presque sans s'en rendre compte, pour s'étonner ensuite des connaissances et compétences acquises. Pendant tout le projet, j'ai eu en tête Mihaly Csikszentmihaly qui a réfléchi au plaisir de faire quelque chose sans en chercher de récompense. Il a ainsi défini plusieurs concepts autour du bien-être, du plaisir de faire dont celui de "autotelec". Ce concept exprime l'idée d'une activité qui constitue sa propre gratification et qui n'exige pas d'autre finalité qu'elle-même. Ce concept rejoint celui  d'"expérience optimale" ou "flow" " : motivation, perte de la notion de temps, plaisir ... Il fait référence à l’état subjectif de se sentir bien (Csikszentmihalyi & Patton, 1997). Cet état peut être ressenti dans l'enseignement, mais aussi lors de l'utilisation des TIC, lorsqu'il y a notamment "perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et la demande de la tâche (Csikszentmihalyi, 1975)."
J'ai tenté de faire atteindre aux élèves ce "flow"  avec le projet radio et l'idée d'être diffusé au-delà des murs du collège et de son ENT.

                Faire apprendre pour le plaisir, et ne plus entendre "c'est noté ? ".





1 commentaire:

  1. Merci pour ce CR, j'aime beaucoup l'idée de flow, je vais aller regarder cela de plus près.

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