16/02/2013

Le traitement de l'information en radio

              L'éducation aux médias fait souvent la part belle au traitement de l'information dans le journal télévisé ... mais il ne faut pas oublier la radio. Le journal ou le flash-infos est un moment stratégique de la programmation .

Une station de radio a 3 objectifs :
  • intéresser l'auditeur : garder le plus longtemps possible l'auditeur à l'écoute pour qu'il ne zappe pas.
  • fidéliser l'auditeur : qu'il revienne au plus vite écouter cette station
  • l'heure : que tous les sons soient diffusés au moment prévu
Pourquoi ?
Les sous ... je parle ici pour les radios qui ne sont pas des radios associatives (elles ne sont pas dépendantes du médiamétrie et donc du nombre d'auditeurs.)

Une radio (comme la télévision) est financée par la publicité qu'elle vend. Son argument de vente principal est le nombre d'auditeurs susceptibles d'entendre la publicité et de devenir ensuite acheteurs du produit. Afin de connaître ce "nombre d'auditeurs", la station de radio va commander une mesure quotidienne de son audience. De plus, les radios commerciales locales, en plus de la publicités locales qu'elle vend, sont financées par la diffusion de la publicité nationale. Un spot national est vendu x euros par auditeur.
Ainsi, les dirigeants sauront, tous les trimestres :  (126 000 radios)
  • L’audience moyenne d’une journée : nombre moyen d'auditeurs qui écoutent la radio
  • L’audience par tranche horaire : nombre moyen d'auditeurs qui écoutent la radio selon les émissions, les chroniques, les flashs-infos ... et de la même façon, quelle émission fonctionne, fait monter l'audience ou la fait baisser, quel animateur n'est pas apprécié des auditeurs (suite à un changement) ... les résultats sont donnés au quart d'heure près.
  • l’audience sur plus de 250 cibles (qui ont 13 ans minimum) : qui écoute ?
  • La part d’audience de leur station : comment se situe la station par rapport au paysage radiophonique national et donc par rapport à ses concurrents.
  • La durée d’écoute par auditeur : si la durée a diminué, c'est peut-être dû à un problème d'habillage antenne trop agressif, ou au changement de grille de programme ...
 
Cela va permettre de bien connaître les auditeurs et ce qu'ils aiment ou pas. Une fois que la demande est définie, il n'y a plus qu'à adapter, réajuster l'offre :
  • on modifie ou on garde le contenu : la programmation musicale, le choix des émissions (durée, contenu, qui anime ..) des chroniques, la ligne éditoriale pour le traitement de l'information dans les journaux (plus accès sur le local, plus de politique car ce sont les élections présidentielles, plus de reportages dans le sud de la France car ce sont les vacances d'été ...)
  • on modifie ou on garde le contenant : toute la mise en onde (tous les sons, musiques, jingles qui donnent la "couleur" de la radio)
 Cela va permettre
  • d’augmenter l’audience en gagnant de nouveaux auditeurs
  • d'augmenter la durée d'écoute des auditeurs

En ce qui concerne le traitement de l'information en radio, celui-ci va donc être adapté à la demande des auditeurs, à la cible :
  • le choix des sujets traités : marronniers, sujets en fonction des saisons, des calendriers politiques, des conjonctures économiques (comme la crise), de l'âge moyen des auditeurs (on parlera plus politique sur RTL que sur NRJ) et de leur catégorie socio-professionnelle.
  • la hiérarchisation de l'information : ex avec NRJ qui adapte sa hiérarchie à ses auditeurs : sujet 1 : la météo / dernier sujet : sortie d'un album, d'un film ...
  • un reportage, une interview pour des sujets d'actualité qui sont "vendeurs" ou qui intéressent les auditeurs (en ce moment, la viande de cheval dans les lasagnes ! )
  • la durée : court ou développé. Par exemple, le flash-infos dure 3' maximum sur NRJ afin que la durée ne rompt pas le "rythme d'écoute". Si vous avez une succession de sons de 3' à 4' chaque (chanson / chanson / teasing et pubs (promotion interne afin de garder l'auditeur à l'écoute mélangée à des spots publicitaires) / infos / 1 chanson  ... ), un rythme d'écoute se met en place. Le flash infos se fond dans ce rythme et permet de ne pas perdre beaucoup d'auditeurs. L'adolescent n'aime pas trop les informations mais si elles sont communiquées au milieu d'un flux de sons dont le rythme est constant, elles ne les feront pas zapper vers une autre station de radio.
  • les horaires de diffusion : les actualités sont diffusées à des moments clés de la journée où le maximum d'auditeurs peut écouter (médiamétrie : L’audience par tranche horaire) : pendant qu'ils mangent, qu'ils se déplacent (avant d'aller au travail le matin et le soir, lorsqu'il rentre chez lui le midi et le soir. Plus de la moitié du volume d'écoute est réalisée pendant les déplacements), qu'ils se lavent les dents ou qu'ils prennent la douche  ... C'est l'enjeu de la programmation : que tout soit diffuser au moment idéal d'écoute, au moment où l'auditeur est le plus apte à écouter ce qu'on lui dit : vers 7h30 et 18h. Ces horaires dépendent des résultats du médiamétrie de la station.
  • La mise en onde ou réalisation des flashs et des journaux (on peut d'ailleurs travailler sur chacun de ces points avec les élèves)
  1. la musique diffusée pendant que le journaliste donne les titres ("bed", "tapis sonore" ...) : rapide, lente, dans les aigus, dans les graves, rythme régulier ou pas ... Pourquoi ?
  2. les jingles ou virgules entre chaque sujet ou pour différencier les parties structurant le journal (titres / parties développées ou infos nationales / infos locales ...avec ou sans éléments verbaux ? ...) Pourquoi ?
  3. le travail de la voix du journaliste (vous remarquerez qu'il y a peu de voix de femmes en radio. En majorité, ce sont des journalistes)
  4. le choix des mots : dramatisation de certains sujets avec des phrases choc, un vocabulaire réfléchi pour accrocher l'auditeur
  5. la mise en scène des reportages (dès qu'il y a montage, il y a mise en scène. Les sons sont rarement montés dans l'ordre chronologique de leur enregistrement) : toujours demander aux élèves de se poser une question : pourquoi ? Quelle est son utilité? Pourquoi le reportage commence par ce son ? Pourquoi l'interview est à cet endroit du reportage ? Est-ce un complément d'information ? Une preuve ? Une redondance ? L'évènement est-il raconté sous forme de récit ? )

                 J'oublie certainement d'autres points. Un article de RFI propose une fiche sur les titres du journal. Vous trouverez également sur le site une multitude d'informations sur le travail des journalistes en radio, ou sur la création de chroniques ... et puis je vous rassure, le premier objectif d'un journal radio reste d'informer.
Néanmoins, la radio est moins dépendante de son audience que la télévision car les chaînes de télé connaissent leur audimat au quotidien. Les stations de radio ont toujours 3 mois d'attente pour voir si les modifications réalisées ont eu un impact sur leurs objectifs d'audience.

                   Le  traitement de l'information en radio est aussi passionnant qu'à la télévision car le montage est moins évident : le montage d'images se voit mais un montage son peut être "invisible". De plus, la radio, comme la télévision, doit faire preuve de stratégies constantes pour rester un média vivant. Elle doit innover, faire plus, faire différent à une époque où les jeunes écoutent la musique sur leur MP3 ou webradio. La concurrence n'est qu'à un clic de l'auto-radio, du téléphone portable, de l'ordinateur ... la mise à disposition de podcasts est devenue une nouvelle stratégie de fidélisation des auditeurs.
Et le plus incroyable est que la radio telle qu'on la connaît aujourd'hui dans sa diversité musicale et son offre d'informations n'existe que depuis 1981 ! C'est un média de masse plus jeune que la télévision.

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