12/06/2013

Paysage sonore ; polysémie vs contextualisation

            Créer un paysage sonore n'est pas chose simple. Le contextualiser non plus.
Enregistrer une ambiance sonore, un son, c'est connaître l'avant et l'après de la prise de son. C'est également connaître la source sonore.
Or, le son stimule l'imagination, ce que le cinéma a très bien compris. Entendre un son, c'est imaginer la ou les sources sonores, s'imaginer au moment présent de l'enregistrement. Certains sons prêtent à confusion quant à leur source (rappelez-vous le son des noix de coco entrechoquées qui reproduisaient le bruit des sabots d'un cheval au galop dans le film "Monty Python : Sacré Graal" sorti en 1975). Bruiteur est un métier important au cinéma. Comme l'image, le son est polysémique et nécessite une contextualisation pour en facilité la lecture.

          Pour les élèves, cette nécessité n'est pas évidente. Ils savent ce qu'ils ont enregistré et oublient que ceux qui vont entendre ne savent pas. 
Qui parle ? Pourquoi ? A quelle occasion le son a-t-il été enregistré ? Où ? Qu'est ce qu'on entend ? Pourquoi l'enregistrer ?
Qui / quoi / où / quand / pourquoi : ce sont les 5 W très proches du questionnement quintilien (ou inversement ?)


            Prenons l'exemple du voyage scolaire en Espagne : les élèves ont enregistré des sons qu'ils ont considéré comme représentation d'une réalité propre à l'Espagne : j'entends quelqu'un qui chante la Jota, j'enregistre le chant car c'est typique de l'Espagne. J'entends l'ambiance d'un collège en Espagne, j'entends l'ambiance sonore d'une ville espagnole ... Ils ont enregistré un paysage sonore espagnol.
Une fois en France, les élèves ont rédigé un texte à partir de ces sons qui devaient soit illustrer soit compléter leurs propos. Dans tous les cas, les sons diffusés devaient être de la valeur ajoutée à leur texte.
Or, un son ne se voit pas. Comment savoir qu'on entend une ville Espagnole si on ne nous le dit pas ou si aucune parole en espagnole n'est entendue ? Les bruits de ville sont-ils les mêmes dans tous les pays ? S'il y avait l'image, il suffirait de regarder les panneaux, magasins, les plaques d'immatriculation des voitures ...

              Les élèves ont donc précisé les 5W avant ou après leurs ambiances sonores. Ils se sont identifiés* aux auditeurs vierges de toute connaissance sur le sujet traité et les sons diffusés. En contextualisant, ils ont limité l'effet polysémique du son.

             Je rajoute juste que cette contextualisation est un entrainement à la rédaction d'introduction, ce que les élèves font rarement dans leur travail de recherche.

*Pour l'identification des élèves, je vous renvoie à mon article publié sur Cactus Acide : Lire, écrire et dire une photo de presse : identification et discours


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