Je propose ici une séquence qui fonctionne très bien avec des petits groupes d'élèves "contrariés" avec la lecture, l'orale ou en manque de confiance en eux. J'ai proposé cette séquence dans deux collèges différents et des publics différents, un en zone urbaine et l'autre en zone rurale et, à chaque fois, elle a plu à l'enseignante de lettres et aux élèves (le plus important ! ).
Les podcasts sont utilisés de 3 façons différentes :
- illustration du cours
- production
- support d'évaluation
Compétences du socle commun : Compétence 1 : le Lire et le Dire
Pour être plus explicite :
- Savoir comprendre un texte, le vocabulaire pour en dégager tout son sens et être capable de l'exprimer lors d'une lecture à voix haute.
- Développer le goût de lire
- Rendre l'élève acteur de sa lecture
- Savoir donner du sens à sa lecture
- Savoir prélever de l'information dans le texte pour mieux la restituer
- Apprentissage de l'expression orale
- prendre confiance en soi
Modalités:
lieu :
CDI
nombre
d'élèves : demi classe maximum
professeurs :
professeur documentaliste et professeur de lettres
Séance 1 : le podcast en tant qu'illustration du cours
Objectifs
procéduraux
- savoir moduler sa voix selon les situations et les personnages
- savoir lire à voix haute en fonction de la sonorité des mots et en fonction du sens des mots
- savoir prélever de l'information dans le texte pour la restituer à voix haute
Objectifs
déclaratifs
- connaître les techniques de la lecture à voix haute
- connaître les codes pour respirer
Déroulement :
- Explication du projet
- Ecoute du Héron, podcast proposé par le site http://wheatoncollege.edu (poèmes, fables ... lus par des acteurs)
- Re-écoute du Héron AVEC le texte sous les yeux
- Comment le lecteur lit-il la fable ? Comment la rend-t-il vivante ? Comment le lecteur fait-il pour qu'on différencie le narrateur du héron ?
- Distribution de la fiche-outil "je lis à voix haute les Fables de Jean de la Fontaine".
- Lecture de la fiche et exercice à l'oral (exercice dirigé) : la prof-doc fait un ou deux exemples ("énOOOrrme morceau" ... il ne faut pas avoir peur du ridicule et donner le meilleur de soi-même comme si le Golden Globe était en jeu), les élèves doivent ensuite jouer sur les sons et le sens des mots pour chaque mot ou groupe de mot proposé (colonne de gauche). Même les plus timides lèvent le doigt pour participer. A droite, ils doivent écrire dans la bonne colonne quel animal des fables a une voix aiguë ou grave à partir de cette liste (qui n'est pas exhaustive mais qui correspond aux animaux des fables sélectionnées par leur professeur de français)
la
cigale / la fourmi
le
renard / le corbeau
le loup
/ l'agneau
le loup
/ le chien
le
chêne / le roseau
le lièvre / la tortue
la grenouille / le boeuf
l'aigle
/ la pie
Séance 2 et 3 : entraînement
La professeur de français a, au préalable, distribué une fable à chaque élève et fait un travail de compréhension de texte.
Ces 2 (voire 3) séances consistent à s'entraîner à lire les fables à voix haute. Il faut passer d'un élève à l'autre pour soutenir leur motivation et les aider à franchir les obstacles les uns après les autres : difficulté du vocabulaire, les mots à accentuer, où accélérer ou diminuer le débit et pourquoi, quel est le sentiment du personnage à tel endroit du texte... mais aussi timidité, difficulté de lecture, manque de confiance en soi.
Le
mieux est que chaque élève se trouve seul dans un coin du CDI afin de
pouvoir travailler sans avoir peur du regard des autres.
Séance 4 et 5 : le podcast comme production et support d'évaluation
(Les enregistrements deviendront podcasts car ils seront en ligne sur l'ENT ensuite.)
objectifs
procéduraux
- savoir mettre en pratique ce qui a été appris
- savoir s'exprimer à l'oral
- savoir prendre du plaisir à s'exprimer à l'oral
- savoir respecter la ponctuation
- savoir respirer pour ne pas être essoufflé
- savoir articuler pour être compris
- savoir varier le rythme et le ton de sa voix en fonction des situations
- savoir parler assez fort pour être entendu
- savoir jouer avec les sonorités des mots
- savoir jouer avec la signification des mots
- savoir auto-évaluer sa lecture de façon critique pour progresser
Les élèves relisent leur fable puis sont enregistrés les uns après les autres. Le mieux est de leur tenir le micro afin qu'ils se concentrent sur leur lecture (les mettre dos à la classe).
Après la lecture, ils s'auto-évaluent tout de suite.
Bilan ?
J'aime beaucoup ce projet car le temps de l'oralité n'est pas le même que celui de l'écoute.
Un silence peut paraître très long à l'oral et insignifiant à l'écoute, idem pour les hésitations, syllabes avalées ... Or, les élèves n'ont d'abord accès qu'à leur temps de l'oralité qui les induit en erreur sur leur vrai niveau de lecture. Écouter ce qu'on a lu, c'est reprendre confiance en soi "oh, finalement, j'ai bien lu, j'ai mis le ton, on n'entend pas que je me suis trompé sur ce mot ...". les élèves sont les premiers surpris de leur prestation réelle car ils sont très critiques sur ce qu'ils font (contrairement à l'impression qu'ils peuvent donner). Ils reprennent confiance en eux.
Leur rapport à la lecture n'est pas radicalement modifiée mais c'est un exercice qui peut y participer.
En radio, nous avons l'habitude de ne pas reprendre un mot sur lequel nous butons car cela "casse" le rythme de la lecture et attire l'attention de l'auditeur sur cette "erreur" . Ainsi, elle passe totalement inaperçue. Je donne ce "truc" aux élèves lorsqu'ils ont peur de se tromper : ne pas se reprendre pour ne pas rompre le rythme de la lecture ou de l'exposé oral.
En radio, nous avons l'habitude de ne pas reprendre un mot sur lequel nous butons car cela "casse" le rythme de la lecture et attire l'attention de l'auditeur sur cette "erreur" . Ainsi, elle passe totalement inaperçue. Je donne ce "truc" aux élèves lorsqu'ils ont peur de se tromper : ne pas se reprendre pour ne pas rompre le rythme de la lecture ou de l'exposé oral.
Autre aspect qui m'intéresse : le dépassement de soi.
J'ai vu des élèves se métamorphoser au moment de l'enregistrement (souriant, à l'écoute, faisant une prestation parfaite ...), d'autres qui étaient abonnés aux punitions (et qui avaient du mal à rester en place, à se concentrer ou à accepter les consignes ou même les règles de la vie en société) demander de relire la fable car leur prestation ne les satisfaisait pas. Lorsque j'ai fait cette séquence la dernière fois, il s'agissait de 10 élèves de 6° en grande difficulté. Ils ont tous été actifs dans le projet et très étonnés de la qualité de leur lecture. Ils ont pris du plaisir.
"C'est pas ma voix ! " : pour certains élèves de 6°, c'est la première fois qu'ils entendent leur voix. En effet, au quotidien, nous entendons notre voix à la fois de l"intérieur" Et de l'exterieure.
"C'est pas ma voix ! " : pour certains élèves de 6°, c'est la première fois qu'ils entendent leur voix. En effet, au quotidien, nous entendons notre voix à la fois de l"intérieur" Et de l'exterieure.
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