A l'occasion du 10ème anniversaire de Arte Radio (http://www.arteradio.com/), le co-fondateur Silvain Gire a été interviewé par Etienne Noiseau du site Syntone (actualité et critique de l'art radiophonique)
Voici un extrait qui me paraît intéressant en tant que professeur-documentaliste et justifier de l'intérêt que nous (tous les enseignants) devons porter au podcasting ou baladodiffusion.
Sylvain Gire fait notamment le parallèle entre la création sonore (différente d'une écoute de radio hertzienne) et la lecture (auditive). Ce nouveau rapport à la lecture ne peut pas concurrencer la lecture d'image mais attire de plus en plus un public jeune. LN, dans son dernier post "j'ai peur des livres", propose d'aider des élèves à entrer dans le livre par l'image ... Peut-être que la lecture auditive peut aussi aider certains élèves à se réconcilier avec le livre ?
Au lieu de proposer un livre objet à lire, pourquoi ne pas leur proposer un podcast à écouter ...
"Les années qui ont suivi la création d'Arte Radio ont été
celles de la prolifération inouïe des lecteurs mp3 et le développement
de l'écoute au casque. Aujourd'hui, les appareils mobiles
sont munis d'écrans haute-résolution, les tablettes tactiles se
développent et les médias se jettent à corps perdus dans la production
vidéo. L'âge d'or du son est-il déjà terminé ?
Au contraire, les études montrent un temps d'écoute général en
hausse, tous supports confondus. L'âge d'or de la radio, c’est
maintenant : on n'a jamais vu autant de gens avec des écouteurs dans
les oreilles. La vidéo ou les jeux ne menacent pas l'audio, et ni la
télé ni le web n'ont tué la radio.
Il n’y a jamais eu autant d’intérêt – tout est relatif – pour la
radio que nous aimons, la radio dite “de création”. Quand Arte lance sa
web radio en 2002, que reste-t-il en France de ce passé
glorieux du Club d’essai, de l’ACR, de Yann Paranthoën ? Une
douzaine de nostalgiques qui se réunissent à Arles pour critiquer France
Culture… À tous points de vue, c’était faible. Aujourd’hui,
il y a des festivals portés par des étudiants, des radios
associatives qui tentent de faire exister du documentaire, des individus
ou des associations qui se lancent dans la fiction, et des
kyrielles de blogs, audioblogs, séances d’écoute, formations… Et
surtout, il y a un public. Un public jeune et exigeant, capable
d’utiliser des outils qui se sont démocratisés : les logiciels de
montage numérique et les enregistreurs de poche, qui font autant
pour la radio de création que les 100 000 auditeurs mensuels d’Arte
Radio, chiffre corrigé selon les variables saisonnières.
Parce qu'elle nécessite de l'attention de la part de l'auditeur, la radio de création est-elle en difficulté ?
La radio de création via les nouveaux médias – ordinateur, podcast,
téléphone, appli, tablette, disons le web pour aller vite – engendre une
nouvelle posture d’écoute. J’ai mis dix ans à
comprendre ça, donc je vais résumer à gros traits : il ne suffit
pas, comme on a longtemps tenté de le (faire) croire, de “mettre la
radio de création sur le web”. Podcaster France Culture, c’et
formidable, mais ça ne fait pas le tour du problème. Ces modes
d’écoute individuels, intimes, mobiles, nomades, concentrés,
délinéarisés, fragmentaires, tout ce qu’on veut... induisent un autre
rapport à l’écoute pour lequel la radio traditionnelle n’est pas
conçue. Ses formats, sa qualité sonore, même son écriture, ne
correspondent pas à cette nouvelle posture d’écoute, qui s’apparente
beaucoup plus à la lecture. La radio de création me semble donc
aujourd’hui aussi forte, et aussi menacée, que la lecture. Elle suscite
des images vivaces, elle impose sa charge émotionnelle
unique aux esprits curieux, mais elle demande une concentration, un
abandon, une patience que les circonstances historiques et culturelles
ne vont pas favoriser. Pour être clair, entre une vidéo
de chatons mignons et un documentaire audio de 50 minutes, la
bataille sera rude. Mais elle l’a toujours été."
Pour
lire toute l'interview "le podcast est une expérience"
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